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Et les étoiles ne regardent jamais en bas (4)






Par la fenêtre
Exhalaison de brume. Ecran gris, ciel opaque tapissé d'immeubles, tous hérissés de grands mats. Antennes, paraboles; géométrie moderne, maigres traits d'acier ou coupoles blanches poussant sur d'innocentes cheminées.

Intérieur compartiment
Voix annonçant dans un français poli et lustré par une société de communication, la destination du train.
-C'est parti, fit Valence en se lissant ses deux petites touffes de cheveux.
Il portait un vieil imper, ceinturé à la taille.
Outis remarqua que le petit éclat de bois sur sa pommette droite était toujours là.
Ni sac, ni sacoche. Outis se demanda où il avait bien pu cacher le film.
Il montra deux doigts, à peine écartés, de moins de dix centimètres.
-Avec la technologie d'aujourd'hui , un film peut se copier sur une clé pas plus grande que ça.
-Vous avez raison, répondit Valence en tapotant d'un main la poche intérieure de son imper.
Sourire de satisfaction / Outis reprend son poste d'observation.

Fenêtre 2
Les zones industrielles et commerciales avaient remplacées les faubourgs de la ville.
Assemblage indécent de hautes et gigantesques poubelles aux couleurs vives ; jaune et rouge pour la nourriture, bleu pour le mobilier , verte pour le jardin.
Le ciel ? devenu d'une couleur indéfinie.

Retour intérieur
Dix mètres linéaires de cadres / les yeux rivés sur leur ordinateur-friend.
A quelques sièges, une blonde montrait ses jambes. Au moins, un peu de vie, de rêves plaisants. Valence s'attaque à l'ongle de son pouce. Il mordille dur, s'acharne.

Fenêtre 3
Il voit : des rangées de petites maisons grises avec jardins , l'alignement n'est pas parfait, les jardins sont aussi sombres que le ciel. Sur la ligne d'horizon : terrils, clochers délabrés, usines en ruine, cheminées écroulées. Bienvenue dans le Nord.

-Hé ! Psst!
Outis tourne la tête. Valence fait une tentative de sourire mais, sans réel succès. Le sourire ressemble plus à une grimace.
-Je vais où vous savez, vous m'accompagnez?
Outis se lève. Les deux hommes remontent l'allée en se rattrapant comme ils peuvent aux sièges. Au passage, Outis en profite pour jeter encore un oeil sur les jambes de la blonde. Elle lit "Valeurs Actuelles". Outis se pose des questions sur la ligne éditoriale du magazine.
Le tangage (encore lui) propulse Valence contre la porte des toilettes.
Il agrippe la poignée et s'engouffre à l'intérieur.
Outis s'appuie contre la fine cloison de la plate-forme. Il lève la tête, soupire.
Un bref instant, il pense à son Saint-Pierre.




Effluves d'après-rasage bon marché
Un petit rouquin s'extirpe de la cabine opposée. Il sourit . Outis distingue nettement deux grandes incisives de rongeur jaunies par la nicotine. Une grande mèche lui tombe sur le front.Il finit de boutonner son pantalon à pinces. Outis détourne le regard.
Le rouquin s'avance. C'est une publicité ambulante pour l'or de pacotille : blazer bleu pétrole à boutons dorés, gourmette étincelante, montures de lunettes éclatante et montre plate très recherchée de forme.
L'homme-dix-huit carats est maintenant face à Outis. Le sourire mou sur son visage juvénile s'efface d'un coup pour laisser place à une  drôle expression . Outis pense qu'il a une hallucination, la drogue, à coup sur.
Outis n'a pas le temps d'esquiver. Le poing américain qui prolonge la main du rouquin atteint son bas-ventre. La douleur est insoutenable. Outis s'effondre sans un cri. Maintenant, le rouquin sourit en fixant le corps recroquevillé de sa victime sur le sol. Paupières mi-closes, Outis distingue les chaussures. Elles portent une boucle en métal doré. Et puis, il sombre.

-Occupé !
D'une voix forte, Valence parle à la porte des toilettes.
-Alors, vous voyez pas qu'y a quelqu'un non?
La porte s'en-trouve. Valence veut mettre son pied, en opposition, mais, une forte poussée contraire l'en empêche.
-Hé, ho! ça va pas non, complètement toqué!

A suivre

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